Au milieu du vaste atelier, on s’affaire autour d’un bras 100% automatisé dédié à l’application de joints par injection de caoutchouc de silicone liquide pour l’étanchéité des plaques d’échangeur de piles à combustible. « Nous sommes un peu les inventeurs du mouton à cinq pattes de l’industrie française », rigole Olivier Theil, en regardant cette machine réalisée par sa société, fruit d’une collaboration avec REP International, entreprise basée dans le Rhône.

Depuis Lafeuillade-en-Vézie (Cantal), MécaTheil fabrique vend ses machines et systèmes automatisés et sur mesure pour la cosmétique, l’automobile, l’agroalimentaire, le nucléaire, la plasturgie… En France, en Europe et au-delà, comme aux Émirats arabes unis.

Une trentaine de collaborateurs

Lancé en 1998, le petit atelier de mécanique, qu’il a créé avec son père, a bien grandi en vingt-deux ans. Mais tout n’a pas été un long fleuve tranquille. Après avoir connu une croissance ininterrompue depuis 1998, la crise mondiale de 2008 a porté un coup dur à l’entreprise, qui a alors perdu la moitié de son portefeuille clients et la grande partie de son carnet de commandes. « L’activité s’est subitement arrêtée, pendant plusieurs mois, c’était une période compliquée et il a fallu un peu de temps pour s’en remettre », concède Olivier Theil, mais l’homme possède un goût prononcé pour le challenge et l’entreprenariat. Il affiche aujourd’hui 3 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie une trentaine de personnes, dans un bâtiment flambant neuf. « Avec leurs 900 m² de surface, les anciens locaux n’étaient plus adaptés », indique Olivier Theil. Une rencontre avec Michel Teyssedou, le président de la communauté de communes, en 2017, et la construction d’un bâtiment-relais de 2200 m², toujours dans cette petite commune de la Châtaigneraie cantalienne, à une vingtaine de kilomètres d’Aurillac ; est décidée. Après quinze mois de travaux, MécaTheil y est installé depuis cet automne. « La collectivité a porté l’investissement et je lui verse un loyer tous les mois, sous la forme d’un crédit-bail sur quinze ans avec option d’achat. »

De la conception à la fabrication

Une suite logique au développement voulu par le gérant. « En 2015-2016, notre activité et notre chiffre d’affaires avaient doublé, mais on s’est aperçu qu’on avait un positionnement pas forcément cohérent. On avait une structure d’à peine vingt personnes, on tapait 1.5 millions de chiffre d’affaires toutes voiles dehors. Ça nous permettait d’aller chercher des petits marchés très concurrentiels à 100 000, 200 000 €. Mais pas de prendre les gros à 400 000 €. »

Du bureau d’études à l’usinage, de l’électronique à la programmation des automates, l’entreprise fait alors le choix de gérer en intégralité un projet, de sa conception à sa fabrication. « Nos clients nous expriment un besoin et nous imaginons une machine capable de combler ce besoin », résume le gérant.

Le pari de la R & D

Des robots sur mesure, ça ne se fabrique pas partout. « Nos concurrents proposent essentiellement de la conception et de la mise au point. » Le pari est gagnant. Ces cinq dernières années, la PME a connu un développement à grande vitesse. « Nous sommes capables de travailler aussi bien pour les TPE locales d’une ou deux personnes que pour les géants mondiaux de l’automobile. »

Et pour demain, alors que l’épidémie de coronavirus a rendu incertain l’avenir économique ? « On sait qu’on a deux-trois mois de travail. On est en train de chiffrer des projets, donc il va se passer des choses, mais on sait aussi qu’on va avoir une baisse d’activité… » A plus long terme, Olivier Theil croit beaucoup dans la R & D pour poursuivre le développement de sa société. « Nous avons un vrai savoir-faire. Regardez, là, on travaille sur la manipulation d’éléments pour pile à combustible. C’est d’une complexité rare. Ce sont nos vingt ans d’expérience qui font qu’on peut récupérer ces marchés. »